• Paul, 15 ans, juif à la deuxième guerre mondiale -Chapitre 3-

    #Paul est anéanti à l'idée de perdre Pauline. Il commence une des journées qu'il répéterait régulièrement pendant cet enfermement. Il est si triste. Il ne mange pas à sa faim, il a perdu sa moitié... Une douleur atroce est en lui. Mais un matin, il regagne espoir et joie.#

    # 25 juillet 1940, 10h00 #

    Je me réveillais, une couverture posée sur mes épaules, toujours avachi sur le rebord de la fenêtre.

    Les souvenirs des heures auparavant défilèrent devant mes yeux. A la vision du visage de Pauline, je laissais couler quelques larmes avant de me ressaisir. Je descendis doucement et sans faire de bruit. Tout le monde dormait. J'allais à la salle de bain. Une petite douche et un lavabo constituaient cette pièce. Une bassine remplie d'eau était déposée sur le lavabo. Je m'approchais de celle-ci et plongeais ma tête dedans. Puis je sortis ma tête de l'eau, je pris un peu de savon et m'en mis sur le visage. Puis je replongeais ma tête dans l'eau. Après m'être essuyé brièvement les cheveux avec une serviette, je pris mon peigne et les coiffai.

    Une petite fenêtre munie d'un épais rideau était placée tout en haut de la pièce. Lorsque les gens marchaient dehors, cette petite fenêtre était à leurs pieds. Je risquais un coup d’œil dehors. Ne voyant que les pieds ou le visage flou des gens au loin, je me lassais bien vite et fermais le rideau soigneusement. Lorsque je me retournais en descendant de l'objet qui avait servi à me surélever pour pouvoir voir dehors, je vis Johanna, en pyjama. Les mains sur les hanches, elle m'observait d'un air fatigué :

    - Je comprends que tu aies envie de partir, que le fait de rester enfermé dans cette pièce te terrorise mais pour ta sécurité, ne regarde pas par la fenêtre, à part par celle dans le grenier. Si jamais quelqu’un nous surprend, il pourrait appeler la police et celle-ci nous ferait un contrôle et là, on serait fichu.

    J'approuvais d'un hochement de la tête.

    - Je vois que tu es prêt.. Va t'habiller. Tu peux ranger les vêtements dans ton compartiment si tu le souhaites.

    -  D'accord, disais-je en m'éloignant.

    Pendant une demi-heure, c'est ce que je fis. Après avoir complètement terminé, j'allais à la cuisine. Maman et Papa étaient réveillés. Des mouvements dans l'entrepôt se faisaient entendre. Une odeur de chocolat chaud faisait surface. Papa, Maman et Johanna étaient installés autour de la petite table dans la cuisine. Je me joignis à eux. Maman me salua avec un bisou sur la joue, mon père avec un sourire. Johanna versa du lait en petite quantité dans mon bol.

    - Une seule tartine, on doit économiser la nourriture.

    Je pris alors une tartine, déjà beurrée, et mangeais. Après avoir mangé, je déposais mon bol dans l'évier et m’éclipsais dans la chambre. Je sortais un livre quand mon père apparut :

    - Paul, on va bosser un peu ! Je vais chercher des manuels, installe-toi avec tes cahiers sur le petit bureau, me disait-il en indiquant le bureau du doigt.

    Il s'éloigna vers l'entrée. Je pris mes cahiers et m'installais sur le petit bureau, puis j'attendis.

    Enfin, Papa arriva, un tas de manuels dans les bras. Un manuel de français, un autre de maths, un troisième d'anglais... Et pleins d'autres.

    - Alors, on va s’entraîner en Anglais ! On va faire un dialogue tout simple pour voir ce que tu sais.

    - D'accord.

    - Commençons... Hello !

    - Hello.

    - My name is Dad and you ?

    - I'm Paul, I have 15 years old. How are you ?

    - I'm fine, thank you, and you ?

    - I'm a little angry.

    Papa soupira.

    - Bon, c’est pas mal. Alors on va faire un truc simple pour les noms : je te dis le mot en anglais et tu me le traduis en français sur ton cahier. C'est bon tu es prêt ? Cat... Dog... Mother... Brother... Father... Apple... Banana... Vanilla... Party... C'est tout pour le moment.

    Je lui montrais mon cahier, et il approuva.

    - Tu es bon en anglais, c'est bien.

    Nous avons fait un peu de maths et un peu de français.

    La journée se passa, tranquillement. J'évitais encore de parler à mes parents, après la dure nouvelle que j'ai appris tôt ce matin.

    Le soir, après avoir mangé un petit dîner, j'allais me coucher.

    # 26 juillet 1940, 8h45 #

    Je me réveillais. Ma mère était déjà levée, mon père dormait encore. Je me levais et j'eus à peine le temps de mettre un pied hors de la chambre que quelqu'un se jeta sur moi.

    - Aaah ! criais-je en repoussant la personne.

    Quand je vis qui était cette personne, une immense joie s'empara de moi, les larmes brouillèrent ma vue et je portais mes mains à ma bouche.

    - Pauline ! m'exclamais-je en me jetant dans ses bras.

    Après un salut bien mérité, elle m'expliqua comment elle m'avait retrouvé.

    - Lorsque j'étais seule chez moi, après avoir appris la mort de ma mère, j'étais effondrée. De plus, Lisa (l'amie fidèle qui ne l'avait pas abandonnée même lorsqu'elle a su que Pauline était juive) déménage pour éviter les ravages de la guerre en zone libre. Mais je ne comptais pas rester comme ça les bras croisés. Les nazis devaient surement savoir que j’apprendrais la mort de ma mère et que je viendrais me réfugier ici. Si je restais chez moi, ça serait un piège qui se refermerait sur moi. Donc je suis allée chez toi. Comme j'ai trouvé la maison vide, je croyais que tu t'étais fait prendre par les nazis. Mais non. Ta voisine, attirée par mes pleurs, était venue et m'a dit où tu étais parti. Elle me connaissait de vue, quand je venais chez toi et qu'on se tenait la main. Elle a bien compris que je te cherchais et je n'ai eu besoin de rien dire. Puis je suis partie. A plusieurs reprises, j'ai failli me faire prendre. Comme j'étais contente de trouver l'entrepôt ! Johanna, après l'accord de ta mère, m'a fait entrer. Et puis, je suis là, devant toi !

    Elle me fixa amoureusement et m'embrassa. Un tourbillon de bonheur était dans ma tête. 

    - Tu restes là hein ?

    - Normalement, oui. J'ai discuté avec Johanna, Jean, Karine et Philippe et ça devrait être bon. Et puis, ta mère est très convaincante ! rigola-t-elle.

    - J'étais anéanti à l'idée que tu te fasse capturer... J'étais détruit de l'intérieur, alors n'imagine même pas la joie de te revoir !

    Papa arriva, s'étonne de voir Pauline mais celle-ci lui expliqua la situation. Papa me sourit donc et je lui rendis son grand sourire.

    Peut-être que finalement, ce séjour ici sera bien ? En tout cas, c'est bien parti pour...


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