• Paul, 15 ans, juif à la deuxième guerre mondiale -Chapitre 2-

    #Après avoir marché une demie-heure pour échapper aux rafales des Juifs, Paul et ses parents se sont retrouvés dans un entrepôt dans un lotissement à l'écart de la ville. Les présentations se font rapidement et Paul découvre une maison cachée.#

     # 25 juillet 1940, 6h10 #

     - C'est... Je... disais-je sans savoir que dire réellement, c'est incroyable !

    Johanna souriait. Soudain, un coup de feu retentit et son sourire se retira pour laisser place à un air inquiet. Karine avait ce même air affolé.

    - Dépêchez-vous ! Ils arriveront bientôt ! nous cria une voix d'homme grave.

    Karine prit le sac de nourriture en disant à ma mère de la suivre. Elles se dirigèrent vers la cuisine. Une fois qu'elles furent entrées, des bruits de fermeture éclair et de rangement se firent entendre. Johanna dit à mon père d'aller préparer les couchettes, en vitesse, tout en lui indiquant de la main la direction de la chambre. Quand à moi, elle me dit en prenant le sac de vêtements de mes parents qu'il fallait que je fasse absolument tout ce qu'elle me disait. Elle m’amena dans un pièce munie d'un dressing. Il y avait trois compartiments. 

    - Pose ton sac dans ce compartiment, me dit Johanna en me montrant celui de gauche.

    J'obéis et elle posa le sac de mes parents entre les deux autres compartiments.

    Lorsqu'il y avait un petit silence, j'entendais des mouvements en haut, dans l'entrepôt et des mouvements un peu partout dans la maison cachée.

    Une seconde voix d'homme, cette fois très affolée nous cria :

    - Ils sont là ! Vite, Karine et Johanna, revenez !

    Johanna me dit d'aller dans la chambre, de me coucher et de ne surtout pas bouger avec un ton affolé avant de partir en courant, suivie de Karine. Je ne comprenais pas mais je pensais que les raisons de cet affolement étaient l'arrivée des Nazis.

    Je courus dans la chambre, où ma mère était dans le lit double à côté de mon père. Une seconde couchette plus petite se trouvait à côté. Je m'allongeai en vitesse. Mon père me prit la main. J'entendais Maman prier tout bas. J'avais peur, et eux aussi.

    Au niveau de l'entrée, là où se trouvait la fameuse pièce cachée par des cartons, nous entendions des bruits de choses qu'on déplaçait, des chuchotements et des pas sur les marches d'escalier. Puis plus rien.

    Après une  minute passé dans un silence total, je commençais à m'impatienter. J'ouvris la bouche pour faire part de mon impatience à mon père, quand soudain, la porte de l’entrepôt résonna très bruyamment, suivis d'un "BAM !" puissant.

    Ils avaient défoncé la porte de l’entrepôt.

    Tout se passa très vite, dans l’inquiétude mais finalement, dans le soulagement. Ils fouillèrent dans chaque recoin pour trouver une personne juive, sans rien trouver. Bien entendu, ils ne fouillèrent que quelques cartons. Ceux-ci étant remplis de livres, ils ne prêtèrent plus attention aux autres donc ils ne trouvèrent pas la pièce cachée. 

    N'ayant rien trouvé, ils sortirent de l'entrepôt. Nous ne bougeons pas jusqu'à ce que quelqu'un vienne nous chercher. Un homme, costaud et intimidant entra dans la chambre et nous dit que c'était bon, ils étaient partis. Nous nous levons et mes parents me dirent qu'ils allaient tout m'expliquer. Avant tout chose, Johanna et Karine descendirent accompagnées du second homme. Les deux hommes se présentèrent. Celui qui était imposant se prénommait Jean. L'autre, plus petit mais dont une lueur d'intelligence et de ruse se lisait dans ses yeux, s’appelait Philippe.  

    - Karine et Jean, allez ranger les vêtements, un compartiment par personne. Celui de gauche, avec le sac dedans, est celui de Paul, les deux autres sont pour les parents. Philippe, va ranger la nourriture dans la cuisine. Quand à moi... Je vais là-haut, faire le guet et ranger ce qu'ils ont du fouiller.

    Ils s'exécutèrent. Bientôt, je me trouvais assis sur le matelas, les jambes croisés face à mes parents. Ma mère commença à parler.

    - Tu le sais parfaitement, la guerre ravage la France. Les Nazis n'aiment pas les Juifs, et ont décidé de tous les prendre et de les enfermer dans des camps horribles où ils travaillent jusqu'à la mort. Aucune pitié, femmes enceintes, handicapés, personnes âgées, enfants, touts les Juifs et les personnes différentes y vont. Mais il y a des personnes, des résistants, qui sont contre les Nazis. Ils risquent  leur vie en en sauvant d'autres. Johanna, Karine, Jean et Philippe sont résistants et, grâce à Margot (c'était notre voisine), nous avons pris contact avec eux et nous nous sommes arrangés pour qu'ils nous hébergent le plus longtemps possible.

    Mon père prit à son tour la parole :

    - Là-haut, parmi les cartons et les livres, il y a de la nourriture et de quoi se soigner. Nous resterons toute la journée en bas, dans la chambre ou le salon, ou bien dans le grenier, pour regarder un bout du ciel. Mais en aucun cas nous sortirons. Cela représente trop de danger. Tu n'iras pas à l'école, nous te ferons cours avec les quelques manuels qui se trouvent dans les cartons. Nous resteront ici jusqu'à ce que la guerre se calme. Si elle se calme...

    - Et Pauline ? demandais-je.

    Pauline était ma petite amie. Ses cheveux roux et ses taches de rousseurs la rendait sublime, et ses deux yeux bleus diamant étaient magnifiques. Elle était aussi Juive. Son père est parti à la guerre, le mien n'a pas pu car il a une maladie respiratoire, et il y aurait de trop gros risques qu'il meure en cours de route, à force de se rouler dans la terre et de respirer de la poussière, il finirait par s'étouffer. Quand à sa mère, elle s’est fait capturer lorsqu’elle était à la supérette. Des soldats allemands ont capturé tous les Juifs se trouvant sur leur passage. C'est une de ses fidèles amies qui ne l'a pas abandonnée pendant la guerre qui est venue lui dire. Désormais, elle était seule chez elle. Mais maintenant, où est-elle ?

    - Pauline... Pauline a du être capturée... murmura Maman, profondément triste.

    Une immense tristesse s’empara de moi. Je l'imaginais dans ma tête, les cheveux rasés et le visage sombre et fatigué, portant une lourde pioche pour creuser le sol, pieds nus et dehors, jusqu'à tomber de fatigue. Ensuite... Ensuite, je n'ose même pas imaginer ce qu'ils feraient d'elle..

    - On peut pas l'abandonner comme ça ! C'est... C'est injuste ! m'écriais-je, un lourd sanglot dans la voix.

    La voix de Johanna retentit :

    - Il faut se faire discret, donc ne pas crier !

    Papa et Maman me prirent dans leurs bras. J'éclatai en sanglot. De grosses larmes coulèrent sur mes joues. 

    - Aller, courage mon ange... dit Maman en essayant de me réconforter.

    - Lâchez-moi ! leur dis-je en sortant de la chambre, triste et énervée.

    Johanna me vit sortir et me demande où j'allais ?

    - Dans un temps normal, je serais sortie prendre l'air ! Mais là, vu qu'on peut pas, disais-je en insistant bien sur le "vu qu'on peut pas", je vais dans le grenier ! 

    Et je me dirigeai vers le grenier, le cœur lourd.

    Lorsque je montai les marches de l'escalier, j'entendis Johanna parler avec mes parents.

    Assis au rebord de la seule petite fenêtre présente dans le grenier, je regardais le ciel et la rue. Il était 7h26... Le soleil se montrait timidement au loin, éclairant la rue d'une lueur orangée. Je m'assis sur une chaise présente à côté de la fenêtre. Je la positionnia face au rebord, qui lui était assez grand pour que j'y pose mes bras. 

    Je posai mes bras croisés sur le rebord et  ma tête dessus. La chaise n'était pas un support confortable, mais peu importe. Je m'endormis presque aussitôt : la fatigue l'avait remporté sur la colère et la tristesse.


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