#Céline subit encore les douloureuses intentions de Julien. Mais cette journée fût un peu plus belle avec la rencontre de 4 filles très gentilles dont elle fit la connaissance. Un bonheur qui, elle l'espère, durera longtemps.#

2 septembre 2014

L'endroit à l'abri du regard des surveillants se trouvait au fond du collège, derrière une rangée de quelques buissons, à côté du terrain de football. N'ayant pas de ballons, les élèves jouant au foot s'étaient éparpillés dans la cour. Il n'y aura donc pas de témoins des coups que j'allais recevoir. Julien et sa bande rigolaient de la frayeur qu'ils lisaient sur mon visage. Je ne pouvais pas parler. La peur était trop grande. Moi, assise par terre, les jambes pliées et le cartable entre ma poitrine et les genoux, je faisais face à trois garçons à la carrure imposante lorsqu'on se trouvait au sol ainsi qu'à leurs regards et aux sourires effrayants qu'ils m'adressaient.

Julien finit par me lancer :

- C'est quoi cette couleur de peau, on dirait que t'es une bête qu'on a brûlé !

Les autres garçons l'encouragèrent et chacun leur tour, ils me lancèrent des insultes qui agissaient comme des coups de couteau en moi. Finalement, les insultes terminées, je soupirai de soulagement en pensant qu'ils s'éloigneraient mais hélas, ce ne fût pas le cas. Julien me dit de ne pas bouger. Pendant quelques minutes, ils parlèrent en chuchotant à quelques mètres de moi. Puis j'observai chacun des garçons. L'un se posta derrière le buisson, guettant l'arrivée des élèves ou des pions. Les trois autres se dirigèrent vers moi. Julien se posta juste en face de moi et les deux autres, sur les côtés. Pendant quelques secondes, ils me sourirent méchamment. Soudain, ils me donnèrent des coups que mon corps recevait douloureusement. Pendant environ 5 minutes, ce qui pour moi était une éternité, je recevais des coups atroces au niveau du ventre et des jambes. Ils ne me frappaient pas les bras, le visage ou le cou car c'était des parties du corps visibles par les autres, tandis que le ventre et les jambes étaient couverts par mes vêtements. Puis le guetteur fit les quelques mètres qui le séparaient des autres en quelques enjambées et dit en chuchotant : "Y'a Maria et ses copines qui se ramènent !". Julien et les deux autres stoppèrent leurs coups de pieds et me relevèrent. L'un des deux garçons me lança que si je disais quoique ce soit à qui que ce soit, les coups seraient plus longs et plus forts. J'étais debout, le cartable que j'entourais de mes deux bras sur ma poitrine. La bande s'éloigna. Les filles ne me virent pas au début. Elles s'installèrent au centre du terrain de foot et discutèrent. Soudain, une fille me regarda. Elle me sourit. Mon cœur se réchauffa un peu. Enfin quelqu'un qui me sourit ! Les autres filles virent que leur amie souriait, donc elles me regardèrent aussi. L'une, surement la moins timide de toutes, se leva et marcha vers moi. 

- Salut !

- Euh.. Salut..

- T'inquiète, on a bien remarqué que t'étais un peu timide vu que ben.. T'es noire quoi. Et tout le monde te regardais quand t'es arrivée hier, on l'a vu aussi. On est dans la même classe je crois ! Viens, on va se présenter !

Elle me prit le bras sans me laisser le temps de répondre et me le tira doucement en me faisant avancer vers ses copines. La fille qui est venue me voir à des cheveux roux magnifiques. Elle me proposa de m'asseoir avec un sourire. Elle a de très beaux yeux bleus rieurs et des taches de rousseurs. Chacune leur tour, elles se présentèrent. La fille rousse commença, de façon dynamique et optimiste :

- Je m'appelle Maria ! Pour me présenter vite fait, j'ai 13 ans, mes parents sont divorcés, j'ai deux frères, une sœur et une demie-sœur. J'adore chanter et jouer du piano. Voilà, je crois que c'est tout.

Et elle finit cette phrase sur un grand sourire, que je lui rendis timidement.  L'autre fille, à droite de Maria, leva la tête. Elle devait tenir sa tête droite pour nous voir car elle avait une frange lui arrivant juste au dessus des yeux. Ses cheveux, eux aussi noirs, sont coupés au carré, atteignant le milieu de son cou. Ses yeux étaient noirs mais une lueur  d'intelligence, de sagesse et en même temps de joie brillait à l'intérieur. Je compris directement que cette fille était intelligente et mature. Sa voix commença timidement puis au fur et à mesure des mots, elle prit un peu d'assurance.

- Je... Je m’appelle Fanny, j'ai 12 ans, j'ai... sauté une classe. Je suis dans ta classe, comme Maria. Mes parents à moi sont amoureux. Je suis fille unique. J'adore mon chat. Et moi, j'aime beaucoup réfléchir, lire, travailler et apprendre.

Je lui souris pour lui montrer que j'étais gentille, pour lui donner plus d'assurance. Elle afficha automatiquement un sourire sur son visage. La fille suivante était grande et possédait des jambes et des bras assez musclés, elle devait être sportive. Elle avait des cheveux noirs en queue de cheval.

- Je m'appelle Mylène. Je suis pas dans ta classe, moi par contre. J'ai 14 ans, j'ai redoublé mon CP. Mon père est coach dans une salle de sport, c'est-à-dire qu'il aide les gens à faire du sport, il les motive. C’est grâce à lui que j'aime le sport. Puis j'ai découvert le basket et ça fait maintenant 7 ans que j'en fais en club. Ah oui ! J'ai une sœur jumelle.

Finissant cette phrase, Mylène pointa du menton la jeune adolescente qui était à côté d'elle. Trop concentrée par les présentations, je n'avais pas remarquée la ressemblance frappante entre les deux filles. La sœur de Mylène avait un chignon et, comme sa sœur, les yeux marrons.

- Je m'appelle Mona, j'ai aussi redoublé comme ma sœur sauf que moi, j'ai redoublé mon CM1. Je suis dans ta classe. J'ai pas besoin de décrire mon père, parce que ma chère sœur s'en est bien occupée, par contre sur les activités et les loisirs que j'aime faire, je tiens beaucoup de ma mère. Ma mère est cuisinière dans un restaurant, elle cuisine super bien mais aussi super sainement ! Comme elle, j'aime cuisiner, jardiner et dessiner. Et on a aussi un petit frère de 10 ans.

Je tourna la tête pour regarder la prochaine fille à se présenter, mais celle-ci n'était pas là. Étonnée, je fronçai les sourcils en regardant Maria.

- Estelle.. Elle s'est barrée, encore. Pour son petit con de copain. Encore. Faut qu'on la surveille plus celle-là.

Fanny me dit alors encore un peu timidement :

- Estelle a beaucoup changé depuis la rentrée... Elle sort depuis une journée, donc depuis la rentrée, avec Julien, un mec populaire et respecté. Mais pas très intelligent..

Un long frisson m'envahit pendant quelques secondes. Julien ? Oh, c'est pas bon pour moi ça.

- Sinon, lança Mona après avoir cherché Maria qui tentait de trouver Estelle, j'aimerais bien entendre ta voix et te connaitre un peu plus !

J'avalai ma salive, m'installai un peu plus confortablement puis me lançai en essayant d'être la plus à l'aise possible :

- Je m'appelle Céline, j'ai 13 ans, je viens de Paris. J'ai un petit frère et une grande sœur. Ma mère à moi est..

- Oh ! Mon ! Dieu ! lança une voix désagréable et de manière.. pétasse.

- Estelle ! lança Maria.

Je regardai alors la fille dans les yeux. Portant des talons, elle avait des collants et une minijupe ainsi qu'un décolleté noir. Elle portait des bijoux et un collier doré autour du cou. Elle s'était aussi tartiné de maquillage.

- Qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça toi ? Tu veux ma photo peut-être ?

- Estelle putain, arrête de parler comme ça à Céline !

- Me cause pas toi, tu me dégoûtes ! Traîner avec une fille comme ça ! Beurk ! Tu me fais honte !

Finissant sa phrase, la copine de Julien se retourna et s'éloigna vers son petit ami.

Dès qu'Estelle fut aux côtés de Julien, je baissai la tête.

Une main se posa sur mon épaule. C'était Maria.

- T'inquiète pas..

J'étais pâle et je tremblais. J'avais un affreux gout de vomi dans ma bouche. Va-t-on longtemps me traiter comme un chien ? Soudain, mon ventre gargouilla. Je me rappelai que je n'avais pas mangé au self. 

- Tu n'as pas mangé ? me lança Fanny d'un regard dubitatif.

- Euh.. Non.. 

Je n'osais pas expliquer la raison de ma faim.

- Ben, il est un peu tard pour rentrer dans le self... J'ai un barre chocolatée dans mon sac sinon ! Je devais la garder pour la fin des cours, mais c’est pas grave ! m’annonça Mona, souriante.

Tandis que Mona fouillait dans son sac, sa sœur me dit :

- J'ai aussi deux cookies ! Je devais aussi les manger à la fin des cours mais je m'en fiche,  prend-les !

Ensemble, Mona et Mylène me tendirent leurs viennoiseries.

- Merci, prononçais-je timidement.

- Moi, j'ai deux petites briques de jus d'orange si tu veux, je t'en donne une !

- Ben, si ça te dérange pas..

- Bien sûr que non, ça me dérange pas !

Je me retrouvais donc avec deux cookies, une barre chocolatée et du jus d'orange.

Un peu d'espoir remplit mon cœur. Mais au fond de moi-même, je savais que ça n'allait pas durer, ce petit bonheur en moi.